8e session du Festival du film africain de Louxor : La confirmation de nouvelles cinématographies

8e session du Festival du film africain de Louxor : La confirmation de nouvelles cinématographies

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Forte présence tunisienne à la huitième session du festival du film africain de Louxor (15-21 mars). Maigre présence au palmarès puisque la Tunisie n’obtient aucun des neuf prix majeurs de cette manifestation. « Regarde-moi » de Néjib Belkadhi se contente d’une mention du jury. Le Ghana et la Somalie obtiennent les premiers prix de la fiction et du documentaire et confirment la vitalité du cinéma d’Afrique anglophone.

 

Le Festival du film africain de Louxor (LAFF) a vécu pendant une semaine à l’heure tunisienne. Cette session rendait hommage au cinéma tunisien. Au programme, la projection de six films emblématiques de la période 1986-2017, une exposition d’affiches de films et la publication de « Lecture de la production cinématographique tunisienne » un ouvrage écrit par Tarek Ben Chaabane. Ce texte édité conjointement par le festival de Louxor et le CNCI se propose de saisir les évolutions institutionnelles et narratives qui ont marqué le cinéma tunisien depuis 2000, aussi bien dans le domaine de la fiction que du documentaire. Genre qui a connu un regain d’intérêt depuis 2011 profitant de l’évolution technologique (l’outil numérique) et de la liberté d’expression.

 

La présentation de ce livre par son auteur a été l’occasion d’un débat autour du cinéma tunisien. Débat modéré par Azza Elhusseini directrice artistique du LAFF et auquel ont participé Dorra Bouchoucha qui a été honorée par le festival pour son apport dans la promotion du cinéma arabe et africain, Néjib Ayed, Directeur général des JCC, Mahmoud Jemni qui a assuré la version arabe du texte et Intichal Tamimi directeur du festival de El Gouna.

 

Dorra Bouchoucha et Néjib Ayed ont insisté sur quelques points qui expliquent la dynamique du cinéma tunisien, à savoir la forte implication de l’État et la censure souvent souple, malgré des périodes de durcissement. L’audace des cinéastes tunisiens, les conditions de la création du CNCI, les problématiques actuelles du secteur cinématographique en Tunisie ont été les thèmes de ce débat. Intichal Tamimi a parlé, quant à lui, de ce qui fait la singularité du cinéma tunisien, à savoir l’expérimentation et le renouvellement générationnel permanent.

 

Cette session a aussi abrité une rencontre des directeurs de festivals arabes et africains. Les JCC en la personne de Néjib Ayed et le FIFAK en la personne d’Aymen Jelili ont participé à cette rencontre qui a étudié les moyens de renforcer la coopération et l’échange d’expertise entre les différentes manifestations par une mise en réseau. Les JCC seront,dans ce sens,l’exemple à suivre vu la réussite que connaît ce festival en termes de programmation et d’affluence.

 

Pour ce qui est du palmarès, le Grand Prix du Nil du meilleur long métrage de fictionest alléau film ghanéen « L’enterrement de kojo » de Blitz Bazawule. Le jury a salué son approche poétique et personnelle dans l’expression des sentiments de culpabilité, ainsi que pour sa vision cinématographique unique et profonde. Ce film raconte le parcours initiatique et magique d’Esi à la recherche de son père disparu…

 

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Quant au Grand prix du Nil du documentaire, il a été décerné au film somalien (et danois)« Guerrier Perdu » de Nasib Farah et Soren Steen Jespersen. 
Le film a été primé pour avoir pu développer un point de vue personnel sur une histoire très intime et lui avoir donné une profondeur humaniste et universelle. Ce documentaire techniquement maîtrisé dresse le portrait d’un jeune somalien qui essaie de rejoindre sa famille à Londres. Mais son passé avec le groupe terroriste des Chabab le met face à un double obstacle : il est poursuivi par ces derniers pour « désertion » et il ne peut aller en Europe malgré son repentir…

 

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Le festival a aussi rendu hommage à deux grandes figures disparues du cinéma africain et arabe. Il s’agit du Burkinabé Idrissa Ouedraogo cinéaste engagé qui s’est toujours placé du « côté des marginalisés » en offrant au cinéma africain des œuvres qui comptent parmi les plus importantes qui sont « Tilai » et « Yaaba ».

Le second hommage a été rendu à l’égyptien Tawfik Salah, l’homme à la « caméra militante », auteur de « Les dupes » et de « Ruelle des fous » dont il a écrit le scénario en collaboration avec Néjib Mahfoudh. Réalisme, décryptage des rapports de classes et rigueur du propos sont les maîtres mots de ce cinéaste.